Niveau1 : Kitty commence à avoir quelques migraines de temps à autres. Etrangement, elle a l’impression qu’en touchant certains objets, surtout ceux dont la matière est d’un seul tenant (bois, pierre, verre), c’est comme si ces objets étaient mous. Comme si elle sentait sa matière s’affaisser sous ses doigts.

Niveau2 : Migraines plus fortes, intolérance au bruit et à la lumière vive. Elle commence à découvrir que ses mains traversent certains objets, plus facilement ceux faits dans une matière unique.

Niveau3 : Migraines violentes qui la tiennent au lit pendant le reste de la journée. Ses doigts peuvent traverser des objets de matière complexe, et traverser des murs fins : briques, cloisons de bois ou de plâtre.

Niveau 4 : Avec le développement de son pouvoir, ses migraines ont disparu. Elle peut passer au travers tous types d’objets, et tous types de murs : pierre, béton, béton armé…

Niveau 5 : Elle peut traverser des blindages et des coffres forts.Elle peut emmener un objet, ou quelqu'un avec elle quand elle traverse les murs fins.

Niveau 6 : Elle peut traverser tous types de matériaux, et peut emmener quelqu'un avec elle pour traverser murs et blindages.

Niveau oméga : Elle n'a plus aucune limite quant à ce qu'elle peut traverser. Rien ne l'arrête. Et elle peut emmener plusieurs personnes avec elle.

Pourquoi? Pourquoi moi? Tant de questions. Tant d’inconnues qui se bousculent dans ma tête depuis si longtemps. Du bout de mes doigts tâchés de stylo, j’efface quelques chiffres et quelques signes de l’équation qui se trouve face à moi, sur le tableau blanc. Le chiffre 13. Treize, pour treize ans, l’âge auquel j’ai commencé à avoir ces migraines. Les premières fois, je ne m’étais pas trop inquiétée. Des migraines, ce sont des choses qui arrivent. Surtout que les premières fois, j’étais fatiguée, j’avais eu beaucoup de travail, des dossiers, et des présentations qui se bousculaient. C’était l’époque où je venais tout juste de rentrer au lycée, et même si je n’avais pas de souci point de vue niveau, les professeurs semblaient prendre un plaisir sadique à me surcharger de travail. Comme s’ils voulaient de quoi le petit prodige était capable. Treize. Treize ans. Chiffre maudit. Mais les malédictions ne sont pas de la science. Treize. Pourquoi treize ? Migraines. Oui, les migraines. J’en ai eu de temps en temps, et plus régulièrement. Le pire, c’était qu’elles étaient de plus en plus fortes, de plus en plus intenses. Au point de devoir passer le reste de la journée enfermée dans ma chambre, dans le noir, une poche de glace sur le front, ne supportant ni la lumière, ni les bruits, ni les odeurs trop fortes. Une fois par mois d’abord, puis une fois par quinzaine, puis une fois par semaine… Est-ce ça pourrait être lié à un algorithme ? Est-ce que la mutation pourrait avoir un développement suivant une évolution mathématique ? Il faut que je… vite, une feuille.

Je m’allonge sur le sol, mes doigts griffonnent des calculs, des équations complexes. Des chiffres barrés, d’autres entourés. Pourquoi ? Comment ? Non. Peut-être. Trop… trop de données, trop de variables. Et il n’y a pas que moi. Il faudrait que je puisse comparer ce qui s’est passé pour moi avec ce qui s’est passé pour d’autres. Je froisse la feuille, et la jette dans un coin, avec les autres. Je retourne à mon tableau, effaçant et modifiant des chiffres.

Deux ans plus tard, j’ai commencé à me rendre compte que, par moments, je voulais attraper des objets, mais je n’y arrivais pas. Comme si je les ratais. Mais en y faisant plus attention, ce n’est pas que je les manquais. Mes mains les touchaient, mes doigts les effleuraient. C’était que l’objet n’existait pas. Enfin, non.

Comment dire. Je… mes doigts passaient… au travers. C’est à ce moment-là que je me suis lancée dans les bouquins de médecine, persuadée que j’avais une tumeur au cerveau, et que c’était ce qui expliquait ma perception du monde faussée. Mais l’IRM était négatif. Rien. Un cerveau en bon état. Mais comment l’expliquer ? Comment mettre des mots sur quelque chose qui me dépassait ? La médecine ne pouvait rien pour moi.

Les mois se succédaient, toujours ces migraines de plus en plus violentes, allant jusqu’à me faire vomir, me faire hurler, dans le noir. Seize. Seize ans, et j’avais terminé le lycée avec les meilleures notes de ma promo, malgré mes nombreuses absences. J’étais acceptée à Harvard, Yale et Brown, et j’étais en train de me décider sur laquelle choisir, quand un soir, on sonna à la porte. Une femme aux cheveux blancs, élégante et magnifique, était venue pour me proposer de venir rejoindre son université. La Frost Massachusetts Academy. Personne dans la famille n’avait jamais entendu parler de cet établissement, et quelque chose en elle ne m’inspirait pas confiance. En plus, j’avais commencé à sentir une migraine arriver. J’avais platement présenté mes excuses, et j’étais allée m’allonger. Sauf que celle-là était encore plus violente que les autres. J’avais l’impression qu’on me donnnait des coups de marteau dans les tempes, et malgré mes mains plaquées sur mon crane, la douleur ne s’atténuait pas. J’étais roulée en boule, tendue comme un arc, quand tout à coup j’ai senti… du vide. Du vide sous moi, alors que j’étais dans mon lit. Et sans comprendre, je heurtai quelque chose de dur. En ouvrant les yeux, je découvris que j’étais… dans mon salon. Avec mes parents, et cette Mme Frost qui me regardaient sans rien dire.

C’est cette dernière qui arriva enfin à mettre un nom sur ce qui m’arrivait, sur ce qui avait guidé ma vie depuis des années maintenant : mutation. Elle me proposa de la rejoindre, mais je refusai. Elle quitta ma maison, et tout au long de la nuit, je n’arrêtais pas de repenser à ce que je venais d’apprendre. Mutante. J’étais une mutante. J’en avais entendu parler, c’était un sujet qui m’intéressait, mais sans plus. Là, je me retrouvais plongée en plein dedans.

Pourquoi ? Pourquoi moi ? Mes parents n’étaient pas mutants. Comment était- ce possible ? Il fallait que je sache, que je trouve. Que je puisse expliquer ce qui m’était arrivé, que je COMPRENNE. Alors j’ai mis mes études entre parenthèses, et je me suis terrée dans la cave de chez mes parents. Je passe mes journées à étudier mon problème, ma mutation. A savoir comment. La clé. La clé pour comprendre ce qui m’est arrivé. Des réponses. Oui des réponses, c’est tout ce que je veux. Une réponse sous forme d’équation. Des chiffres, des données, des choses que je peux comprendre. Analyser. Pas d’incertitude. Savoir. Savoir et comprendre. Et je ne sortirai pas de là tant que je ne saurais pas.